Saisissante l’histoire de la ville de Détroit aux USA, son apogée et son rayonnement industriel automobile puis sa dégringolade inexorable depuis les années 1960 jusqu’à sa faillite officielle en 2013. Les qualificatifs sont forts pour retracer l’épopée de cette ville étendard du Michigan (USA) au nord du Lac Érié.
Tour à tour ville fantôme, ville déserte et abandonnée, ville en ruines puis carrément ville en faillite déclarée officiellement comme telle le 18 juillet 2013. Tel est le sort de cette ville ces dernières décennies qui se situe ci-dessous sur la carte du nord-est des USA.
Surfant sur la crise des subprimes de 2008 et la faillite industrielle de la ville de Détroit, certains y ont vu des investissements immobiliers juteux à réaliser. Mais comme nous l’avons déjà écrit ici, un investissement immobilier aux USA doit être considéré avant tout et surtout dans sa dimension locale c’est à dire en tenant compte des caractéristiques de la ville, de la cotation de ses quartiers, du niveau de vie de ses résidents et de son potentiel économique à venir.
Mais revenons en arrière pour comprendre l’ascension puis la dégringolade de la ville la plus célèbre du Michigan. L’occasion pour Auxandra de se pencher sur ce qui a fait le succès de la ville de Détroit, ce qui a amorcé puis confirmé sa faillite et enfin, ce que laisse entrevoir aujourd’hui en 2016 Détroit au niveau d’un investissement immobilier.
La ville de Détroit en quelques dates clés
18ème siècle
Tout ou presque a commencé par la colonisation européenne dans cette partie de la côte est des USA au 18ème siècle quand un français, Antoine Laumet de La Mothe s’installe avec quelques hommes dans ce qui s’appelait à l’époque Fort Ponchartrain du Détroit.
Sur ordre du roi Louis XIV, l’établissement d’une colonie est décidé avec pour objectif le développement du commerce des peaux de castor et la construction d’une relation pacifique avec les peuples indiens de l’ouest américain, l’histoire de Détroit est en route.
Dans la 2ème partie du 18ème siècle, un conflit larvé s’installe entre Français et Anglais avec des luttes de pouvoir pour dominer la région et son commerce. Cette période instable entre Français, Anglais et Amérindiens se termine en 1783 d’abord avec la signature du traité de Paris. La ville de Détroit est alors cédée aux Etats-Unis, nouveau pays indépendant. Puis en 1796 le Traité de Londres rallie définitivement les Anglais à l’instauration de l’indépendance de Détroit.
19ème siècle
Après un gigantesque incendie au tout début du 19ème siècle qui ravagea presque tout sur son passage, la ville est reconstruite avec des bâtiments de style Beaux-Arts et baroques qui confèrent à Détroit à la fin du 19ème siècle un style « parisien ».
20ème siècle
C’est le siècle de l’essor économique pour la ville de Détroit qui devient le berceau de l’industrie automobile américaine. C’est à Détroit que le célèbre Henry Ford créera la première chaîne de fabrication automobile pour la non moins célèbre Fort T.
Le Fordisme était né et il fera rapidement des émules. Détroit devient en accueillant les « Big Three » américaines : Ford, Chrysler et General Motors.
Détroit sera alors baptisée « Motor City ». Elle jouera également un rôle majeur lors de la seconde guerre mondiale en mettant à disposition ses usines pour l’effort de guerre.
Croissance économique et augmentation exponentielle de la population jusqu’en 1940
Avec l’essor économique vient naturellement l’augmentation de la population à Détroit. Et dans la première partie du 20ème siècle, la ville connaît une formidable croissance du nombre d’habitants puisque ce dernier évoluera de 265 000 habitants en 1900 à 1,5 millions en 1930. En 1950, le nombre d’habitants la positionnait comme la 4ème ville des USA la plus peuplée avec près de 2 millions d’habitants.
Croissance et décadence de Détroit dès les années 70
Une crise sociale liée à l’émigration de la population noire
Jusque dans les années 1960, les usines tournent à plein, l’emploi à Détroit est au beau fixe. Mais dès les années 70, une crise sociale liée intimement à l’arrivée d’une population noire importante dans la ville et en réaction, au départ des ouvriers blancs propriétaires de leur maison, a constitué la première étape de la descente aux enfers de la ville, avant même la crise de l’automobile.
Cette étape sociale a d’ailleurs touché l’ensemble des grandes villes industrielles du pays dans les années 1950 comme l’a très bien mis en avant l’historien américain Thomas Sugrue.
Évolution du nombre d’entreprises industrielles
et des emplois industriels dans la ville de Détroit
Une crise économique et la mise en faillite de la ville de Détroit en 2013
La deuxième crise qui suivit de peu fut économique. L’industrie automobile qui fit la gloire de la célèbre ville du Michigan et son rayonnement dans le monde a périclité et entraîné Détroit vers la faillite. La Motor City est devenue l’ombre d’elle-même avec les faillites successives de Chrysler et General Motors qui cumulées à la crise de 2008 ont définitivement provoqué la banqueroute de la ville. Dans un article du 11 janvier 2016, le site des Echos.fr parlait de Détroit comme de « la grande ville la plus pauvre des Etats-Unis ». Et, en effet, comme l’annonçait France24.com le 3 décembre 2013 : « Avec la dette la plus importante des États-Unis, la ville de Detroit a obtenu mardi 3 décembre l’autorisation de se placer en faillite.
Des conséquences sévères sur la population de Détroit
La faillite des « Three Big » n’est pas restée sans conséquences sur la vie économique locale et la population. Détroit a progressivement perdu de 1950 aux années 2000 60% de sa population. Autre conséquence désastreuse pour la ville, plus de la moitié de ses résidents se sont retrouvés sans emploi créant un contexte social explosif et une augmentation massive de la criminalité. Comme ses tristes rivales Chicago ou Miami, la ville de Détroit atteint un pic de criminalité avec pas moins de 379 homicides en 2012.
Un niveau de vie déplorable, en tête des classements du seuil de pauvreté
Depuis 2007, le pourcentage de familles vivant sous le seuil de pauvreté est plus de 3 fois supérieur au pourcentage national. Détroit se positionne d’ailleurs tristement comme la ville dans laquelle réside le plus grand nombre de personnes sous le seuil de pauvreté aux USA avec un taux de 39,3%. De même, alors que le pourcentage d’enfants vivant sous le seuil de la pauvreté aux USA est de 22,5%, il atteint les 57,3% à Détroit.
Sur les deux graphes ci-dessus, on visualise très bien à gauche le pourcentage de personnes sous le seuil de pauvreté dans les 5 villes de Détroit, Wayne, Macomb, Oakland et Livingston et à droite le niveau de vie médian des foyers de ces mêmes 5 villes.
Des conséquences sur la cotation de l’immobilier et la performance d’un investissement locatif à Détroit
Bien entendu, ces mauvais chiffres concernant l’économie, le chômage, la délinquance, la faillite de Détroit ne vont pas dans le sens d’une valorisation de l’immobilier. Investir à Détroit c’est saisir l’opportunité d’un bien immobilier à bas prix dans une ville encore en ruines mais est-ce un investissement qui offre une bonne rentabilité locative ?
Et dans le cas d’une revente, quel avenir pour votre investissement immobilier dans cette ex-capitale de l’automobile américaine ? Dans un prochain article, nous nous intéresserons au potentiel d’un investissement locatif à Détroit, à ce qui se cache derrière le programme social « Section 8 », aux perspectives d’une renaissance de la ville en faillite.